L'évolution de Anick Médédji dans la pisciculture 

Agriculture durable
30.04.2024
Dans le cadre de son engagement à renforcer la compétitivité du poisson local par rapport au poisson importé, Swisscontact, par le biais de son projet Béninclusif, accompagne les pisciculteurs dans la recherche de sources alternatives de protéines pour pallier la rareté et le coût élevé de la farine de poisson, une matière première essentielle dans la fabrication de la provende de poissons. Anick Médédji, une exploitante agricole, exprime sa gratitude au projet pour l’avoir fait participer à la formation sur l'élevage des larves de mouches soldat noires (LMSN). Actuellement, elle produit les larves de manière intensive sur sa ferme située à Ifangni, dans le sud-est du Bénin. 
Annick est devant l'un de ses bassins en train de donner à manger à ses poissons

Anick, est une femme déterminée et persévérante de 53 ans, mère de 2 enfants. Elle a traversé pas mal de péripéties avant de devenir une entrepreneure prospère dans le sous-secteur de la pisciculture. Son parcours commence, en tant que vendeuse de tissus ambulante, naviguant entre les villes de Cotonou, Porto-Novo et Ifangni. Mais une expérience malheureuse dans ce commerce l'amène à réfléchir à une nouvelle activité. 

Après mûre réflexion, Anick décide de se lancer dans l'agriculture pour une source de revenus plus stable, convaincue que c'est le secteur où elle pourra réussir sans avoir à faire face aux problèmes liés à la vente à crédit. Avec détermination, elle persuade sa mère de lui vendre un petit domaine pour démarrer une activité de maraîchage. Consciente de ses lacunes en matière de formation agricole, elle décide d’investir dans une formation approfondie au projet Songhaï, où elle acquiert les compétences nécessaires pour démarrer sa propre ferme. 

Anick nous fait visiter l'un de ses étangs.
Anick est montée sur le rebord du bassin pour nourrir ses poissons.

L'éducation par l'expérience 

Sa soif d'apprendre et son désir de réussir la poussent à voyager au Nigéria pour se former davantage, notamment dans la reproduction de poissons. En 2006, armée des connaissances acquises sur le terrain, Anick est retournée dans son village natal pour commencer le grossissement de « Clarias » avec 8 étangs et une production artisanale d'aliments locaux pour poissons. Malgré les défis initiaux, elle parvient à surmonter les obstacles et à développer ses activités au fil des années. 

Anick a su saisir les opportunités offertes par d’autres projets de développement dans le domaine de la pisciculture qui lui ont permis de se former en production de clarias et de tilapia monosexe et d’obtenir un soutien financier de 7 500 000 F CFA (12 500 CHF) pour étendre ses activités. En 2015, elle décide de créer son entreprise de pisciculture dénommé « Shri Pradmnaya ». Elle a également joué un rôle actif dans sa communauté en offrant des emplois aux jeunes locaux et en partageant ses connaissances avec d’autres pisciculteurs en tant que formatrice clé pour la production d'alevins. De plus, elle ouvre ses portes aux étudiants en stage académique, offrant ainsi une précieuse expérience pratique à la prochaine génération de professionnels agricoles. 

Anick accueille les étudiants en stage académique sur sa ferme.
Anick est en train de prélever de la nourriture pour ses poissons.

Diversification et Innovation : L'Intégration des Mouches Soldat Noires 

Un moment décisif dans la vie de Anick a été son engagement avec le projet Béninclusif de Swisscontact, qui l'a initiée à l'élevage des mouches Soldat Noires en 2022. Elle perçoit ce projet comme une opportunité de diversifier et d'optimiser ses activités.    

 

Anick devant sa volière de mouche soldat noire placée, dans un endroit bien éclairé.

"Avant, je faisais la production d’aliment local à base de farine de poisson qui me revient cher et a un impact négatif sur l’environnement. Aujourd’hui, je maîtrise les procédés techniques pour une production de qualité. L’appui financier obtenu du projet Béninclusif en 2023 me permettra de fournir jusqu’à 3 tonnes d’asticots par mois en 2024" affirme Anick avec conviction.

Grâce à cette innovation, elle a réussi à diminuer l’utilisation d’aliments importés dans sa production piscicole, à réduire les coûts de production de ses poissons d’élevage grâce à l’utilisation de la provende locale fabriquée à base de larves de mouches Soldat Noires et même à créer une nouvelle source de revenus en commercialisant des larves de mouches Soldat Noires sous diverses formes (séchées, fraîches, en poudre). Son revenu annuel moyen, qui était en 2022 de 916'164 F CFA (1'409 CHF), a augmenté de 25 % pour atteindre 1'151'760 F CFA (1'771 CHF) en 2023." 

Par ailleurs, sa collaboration en 2023 avec la société SPCH TONON ET FILS, partenaire du projet Béninclusif de Swisscontact lui a également permis d'accéder à des géniteurs de tilapia performants, lui permettant de fournir à d’autres pisciculteurs des alevins et de mettre sur le marché des poissons marchands de qualité. 

L'aliment local pour poissons produit par Anick

Ce projet fait partie du programme de développement de Swisscontact, cofinancé par la Direction du Développement et de la Coopération Suisse (DDC), Département Fédéral des Affaires Etrangères (DFAE). 

Bénin
Agriculture durable
Béninclusif - Marchés dynamiques des produits agricoles durables
Le projet a pour objectif principal d’améliorer les conditions de vie des familles des exploitants en favorisant la dynamique du marché. Par une approche de systèmes inclusifs, il se concentre sur les marchés et les écosystèmes agricoles qui sont peu développés au Bénin. Dans sa première phase (2021-2024), un accent particulier sera mis sur la pisciculture et l’agrumiculture, deux secteurs à fort potentiel promus par le gouvernement béninois.