Ils refusent d’abandonner : des jeunes Congolais·es apprennent, construisent et rêvent malgré la crise

01.04.2025
À Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, une ville secouée par des conflits armés, les jeunes refusent de céder à la peur. Grâce à la formation professionnelle, ils et elles se battent pour un avenir meilleur. Depuis la mi-février 2025, Bukavu est sous le contrôle du groupe armé Alliance Fleuve Congo et du Mouvement du 23 mars (AFC/M23), perturbant le quotidien et menaçant les moyens de subsistance. Pourtant, dans le cadre du projet de la Coopération suisse - PROMOST IV – "Développement de compétences axé sur le marché et création d’emplois dans la région des Grands Lacs", mis en œuvre par Swisscontact, de jeunes apprenti·e·s font preuve d’une résilience et d’une détermination remarquables.

Former les jeunes avec des compétences utiles sur le marché

Le projet PROMOST IV offre à des jeunes femmes et hommes des compétences concrètes et adaptées aux besoins du marché – même dans les contextes les plus fragiles. Pour Gentille Mubalama, 23 ans, en formation en plomberie sanitaire et domestique, cette opportunité est bien plus qu’un simple apprentissage : c’est une voie vers l’autonomie.

»Cette formation est mon seul espoir, malgré le traumatisme, la peur, je viens apprendre car je sais que c’est mon avenir qui se joue ici,«
confie-t-elle.
Photo de Gentille, apprenante en plomberie sanitaire domestique, en train de créer des saignées dans un mur pour ses conduites d’eau.

Dans son quartier, deux personnes ont récemment perdu la vie à cause des violences. Pourtant, Gentille reste déterminée. 

»Je n’ai jamais vécu la guerre auparavant. Ça me fait peur, mais je refuse que cela m’empêche d’apprendre.«
Soutenue par sa famille, elle veut aller au bout de sa formation et gagner son indépendance financière. 

De la peur à la force : des parcours inspirants

Merveille Fundiko, 20 ans, a déjà terminé sa formation en ajustage et soudure. Elle travaille aujourd’hui comme assistante technique, avec une passion toute particulière : construire des bateaux et des structures métalliques.

»J’ai l’habitude d’entendre les balles crépiter, mais mes rêves sont plus forts que ma peur «
confie-t-elle calmement.
Vue de Merveille Nfundiko, jeune apprenante en ajustage et soudure, en pleine pratique de soudage.
»Quand je pense à mes projets, je me lève et je file au garage. «

Des solutions locales adaptées à la crise

Swisscontact s’engage à fournir des formations professionnelles de qualité en s’appuyant sur des approches locales – un levier essentiel dans des contextes fragiles comme celui de Bukavu. En collaboration étroite avec les formateurs locaux, les centres d’apprentissage et les ateliers partenaires, l’accès à la formation reste possible, même dans l’incertitude liée aux conflits.

Emmanuel Kisanga, 40 ans, Maître Artisan Formateur (MAF) en mécanique automobile, est l’un de ces formateurs engagés. 

»Nous avons repris les formations malgré l’instabilité «
explique-t-il. Face à la pénurie de clients et de véhicules, il a trouvé une solution pratique.
Image du Maître artisan formateur Emmanuel Kisanga et de ses jeunes apprentis assemblant le véhicule.
»J’utilise ma propre voiture comme outil pédagogique. Nous la démontons et la remontons ensemble – ainsi, l’apprentissage ne s’arrête jamais. «

Swisscontact déploie la formation directement au sein des communautés, en s’appuyant sur des centres d’apprentissage sûrs et accessibles, dotés d’outils, de matériel et d’un accompagnement de proximité. Les jeunes y apprennent des métiers en forte demande, tels que la mécanique, la plomberie, la soudure, la couture ou encore la coiffure – même en temps de crise.

En s’appuyant sur une approche de développement local, Swisscontact adapte les formations aux réalités du terrain, en renforçant les capacités des partenaires communautaires. Cela favorise la résilience locale et donne aux jeunes les moyens de devenir acteurs d’une croissance inclusive et durable.

 

Un engagement partagé pour le développement et la paix durable

Depuis 2017, le projet PROMOST IV travaille main dans la main avec les autorités locales et les partenaires pour améliorer l’accès à une formation technique et professionnelle pertinente dans la région des Grands Lacs. Grâce à des parcours adaptés et un accompagnement continu, Swisscontact s’assure que les jeunes ne sont pas laissés de côté – même en temps de crise.

Dans des régions comme l’est de la RDC, la paix est le socle de tout développement. Sans elle, rien ne peut s’enraciner. Et sans perspectives, les jeunes deviennent de plus en plus vulnérables à l’exploitation. C’est pourquoi investir dans la jeunesse ne relève pas seulement du développement – c’est un engagement pour la paix.

Pour Gentille et Merveille, la formation est une déclaration d’espoir. Comme le résume Gentille:

»Les opportunités ne se présentent pas tous les jours. «

Par leur résilience, leur courage et leur persévérance, elles montrent qu’un avenir meilleur est possible – même dans les contextes les plus fragiles.

Chez Swisscontact, nous croyons que chaque jeune mérite une chance de grandir, de s’épanouir et de contribuer à bâtir la paix – depuis la base.

Maître artisan formateur Emmanuel Kisanga expliquant quelques techniques de mécanique automobile à ses élèves.