En 2016, après son BEPC, Marie a abandonné l’école par manque de moyens financiers. Depuis, elle « se débrouillait » grâce à de petites activités de commerce (achat-revente), de coiffure et à l’exploitation d’une petite cafétéria, abritée par de simples sécots (panneaux de joncs tressés, utilisés comme palissades et toitures de fortune), située au bord du goudron de l’axe principal de la ville. Ces activités lui rapportaient à peine de quoi subvenir à ses besoins. A l’époque, les trois activités lui permettaient de réaliser un chiffre d’affaires mensuel d’environ deux-cent mille Francs CFA (environ 330 CHF).
La formation en restauration de proximité organisée par l’antenne de la Cellule de Liaison et d’Informations des Associations Féminines (CELIAF) de Doba, organisée dans le cadre du projet FORMI, a été une réelle opportunité pour Marie. Retenue sur la base d’une analyse de sa situation personnelle, de son projet professionnel et des opportunités économiques du secteur, Marie a fait partie de la promotion de 20 jeunes (16 femmes et 4 hommes) à avoir participé à la formation de janvier à mars 2019 (3 mois).
A l’issu de cette formation, Marie s’est sentie suffisamment outillée pour améliorer ce métier qu’elle pratiquait déjà, mais de manière peu organisée.
Grâce à un emprunt de 150 000 Francs CFA (environ 250 CHF) contracté auprès de sa grande sœur, Marie a commencé à réorganiser sa cafétéria, en constituant un stock plus important de matières premières, en diversifiant son menu, en améliorant l’achalandage de son commerce. Aujourd’hui, les sécots ont laissé la place à des tôles, plus résistantes. Très vite, les conseils reçus pendant et après la formation et mis en application ont porté leurs fruits : fréquentation en hausse, satisfaction de la clientèle et nette augmentation du chiffre d’affaires (15.000 FCFA par jour). Trois (03) mois après cet emprunt, le remboursement est achevé et Marie a pu se constituer des bénéfices à hauteur de 200 000 FCFA (environ 330 CHF) qu’elle a réinvesti dans un projet de diversification de ses activités.
Le domicile familial de Marie étant situé à un carrefour et au bord d’un axe très fréquenté, elle envisage d’y ouvrir une « alimentation », dans un bâtiment qu’elle a commencé à rénover. Ce projet lui permettrait de renforcer son activité de restauration grâce à la vente de boissons fraîches.
À court/moyen terme, Marie souhaite réussir à souscrire un crédit de 500.000 Francs CFA (environ 825 CHF) pour investir dans son affaire (ustensiles de cuisine, glacière, aménagement du local, …) et la rendre ainsi plus attractive. Avec cet agrandissement, elle envisage même d’employer une ou deux personnes qui l’aideraient à bien tenir son commerce.
En attendant ce crédit (dont le business plan a été élaboré avec l’appui d’un bureau d’études [DRH] mobilisé par le projet FORMI), Marie participe à une tontine hebdomadaire. Cela lui permet de sécuriser ses bénéfices journaliers qui, une fois mobilisés, permettront de faire un autre investissement.
Aux jeunes qui, comme elle, sont en rupture scolaire et qui ont le désir de s’en sortir, Marie conseille de « ne jamais baisser les bras » et de « croire en eux-mêmes avant tout ». Avec de la volonté et un minimum de moyens, ils peuvent à travers des activités mûrement réfléchies, améliorer leur situation socioéconomique.