Renforcement des techniques de conservation de l’oignon et de la pomme de terre au Bénin : Une initiative cruciale pour la sécurité alimentaire 

Agriculture durable
24.10.2024
Le secteur agricole béninois, pilier essentiel de l'économie nationale, est confronté à de nombreux défis. Parmi ceux-ci, les pertes post-récolte des cultures de base comme l'oignon et la pomme de terre représentent une menace pour la sécurité alimentaire et un frein pour la croissance économique des zones rurales. Afin de répondre à cette problématique, plusieurs acteurs ont décidé d’innover en matière de solutions de conservation.
»En optimisant les pratiques de stockage, nous réduisons non seulement les pertes économiques, mais nous permettons également aux agriculteurs de prospérer sur un marché compétitif.«
Ouorou Barre Fousseni Imorou, Enseignant chercheur à la faculté d'agronomie de l’Université de Parakou, membre du laboratoire d'hydraulique et de modélisation environnementale.
Ouorou Barre Fousseni Imorou

Le secteur agricole béninois, pilier essentiel de l'économie nationale, est confronté à de nombreux défis. Parmi ceux-ci, les pertes post-récolte des cultures de base comme l'oignon et la pomme de terre représentent une menace pour la sécurité alimentaire et un frein pour la croissance économique des zones rurales. Afin de répondre à cette problématique, plusieurs acteurs ont décidé d’innover en matière de solutions de conservation.

Une initiative clé, portée par le Programme d'Appui au Développement du Secteur Rural (PASDeR), dans sa troisième phase, financée par la Coopération Suisse et mis en œuvre par le consortium Swisscontact-LARES, vise à renforcer les techniques de conservation des récoltes. Ce programme repose sur une recherche-action en collaboration avec les acteurs locaux et a pour objectif de tester des solutions adaptées aux réalités locales, s’appuyant sur des expériences accumulées depuis les années 1990.

Objectifs de la recherche-action

Sous la direction du laboratoire d'hydraulique et de modélisation environnementale de l’Université de Parakou, une équipe de chercheurs s’est engagée à trouver des solutions efficaces et accessibles pour prolonger la durée de conservation de l'oignon et de la pomme de terre. « Notre première mission était d’évaluer les conditions de stockage et de conservation de ces deux cultures », explique Ouorou Barre Fousseni Imorou, l’enseignant chercheur qui dirige cette étude.

Méthodologie et résultats clés

Pour mener cette recherche, des échantillons ont été prélevés dans diverses communes du nord du Bénin, dont Malanville, Karimama, et Ouassa-Péhunco, où la production d’oignon et de pomme de terre est dominante. « Nous avons analysé les systèmes de stockage locaux et proposé des innovations, en nous concentrant sur des variables essentielles telles que la température et l'humidité », ajoute Ouorou Barre Fousseni Imorou. Des producteurs pilotes ont activement participé à ces expériences, permettant de tester concrètement les techniques proposées.  

L’une des découvertes les plus marquantes a été l'efficacité des claies en tiges de sorgho qui permettent de prolonger la durée de conservation jusqu'à 4 à 5 mois, pour un coût minimal. Cette méthode, qui recourt aux matériaux locaux, s'est avérée à la fois pratique et économique pour les producteurs. En revanche, des techniques plus coûteuses comme les systèmes de stockage en terre cuite, bien que prometteuses, restent moins accessibles pour les petits producteurs.

Technique de stockage des oignons
Technique de stockage des pommes de terre

Dissémination des résultats

Un atelier de dissémination des résultats s’est tenu à Parakou les 13 et 14 août 2024. Servais Afouda, représentant le consortium Swisscontact-LARES a souligné l'importance de la collaboration entre les différents acteurs « Le succès de ce projet dépendra de votre soutien, expertise et engagement. Vos contributions seront déterminantes pour garantir la réussite de cette initiative », a-t-il déclaré.

Cet atelier avait pour but non seulement de partager les résultats obtenus, mais aussi de planifier la mise à l’échelle de ces techniques au sein des communautés agricoles. Les discussions ouvertes ont permis aux participants d'apporter leurs retours d’expérience, leurs idées et suggestions, enrichissant ainsi la stratégie de diffusion des résultats.  

De droite à gauche, le président de la FéNOMA Bénin, le directeur départemental de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche de l'Alibori-Borgou, le représentant le consortium Swisscontact-LARES et le chargé du Programme PASDeR.
L'enseignant chercheur présentant les résultats de l'étude

Implications pour l’agriculture béninoise

Les résultats de cette recherche ont mis en lumière la viabilité des pratiques de conservation durable, mais également des avantages inattendus. « Beaucoup de producteurs ont été surpris par l'efficacité des claies en tiges de sorgho pour maintenir des niveaux optimaux d'aération et d'humidité », commente l’enseignant chercheur Fousseni Imorou. Cette nouvelle connaissance a conduit à une adoption généralisée de la technique parmi les producteurs pilotes, ouvrant ainsi la voie à une productivité accrue et à une meilleure stabilité économique.

Le Directeur des programmes de l’Agence Territoriale de Développement Agricole (ATDA) pôle 1 a souligné l'importance de ces innovations pour la filière maraîchère, notamment dans la vallée du Niger, où l’oignon est cultivé à 90%.
»J'appelle à la diffusion de ces techniques à travers toutes les ATDA du pays, tout en intégrant ces innovations dans des cadres de concertation nationale, comme le Programme National de Développement des Cultures Maraîchères (PNDCM), et le Plan de Travail Annuel Budgétisé (PTAB) du ministère en charge de l’agriculture.«
Jean Gbéto Dansou

Recommandations et perspectives

L’enseignant-chercheur Fousseni Imorou a insisté sur la nécessité de poursuivre l’innovation dans les pratiques agricoles. « Nous envisageons des recherches supplémentaires pour affiner les techniques existantes et faciliter la transition vers des systèmes de stockage modernes », a-t-il expliqué. La collaboration avec d'autres institutions locales et régionales sera essentielle pour assurer la diffusion de ces avancées à travers les communautés agricoles du Bénin.

En conclusion, cette recherche-action, bien que centrée sur une phase pilote, ouvre la voie à une meilleure gestion des cultures maraîchères au Bénin, en réduisant les pertes post-récolte et en améliorant les revenus des producteurs. Des acteurs clés comme l’ATDA pôle 1 et la Fédération Nationale des Organisations des Maraîchers du Bénin (FéNOMA Bénin) se sont engagés à poursuivre et à étendre ces initiatives afin que ces innovations soient largement adoptées et pérennisées.  

Le Programme d'Appui au Secteur du Développement Rural (PASDeR) est financé par la Direction du Développement et de la Coopération (DDC) et mis en œuvre par le consortium Swisscontact-LARES.

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Programme d’Appui au Secteur du Développement Rural (PASDeR)
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