Le secteur agricole béninois, pilier essentiel de l'économie nationale, est confronté à de nombreux défis. Parmi ceux-ci, les pertes post-récolte des cultures de base comme l'oignon et la pomme de terre représentent une menace pour la sécurité alimentaire et un frein pour la croissance économique des zones rurales. Afin de répondre à cette problématique, plusieurs acteurs ont décidé d’innover en matière de solutions de conservation.
Une initiative clé, portée par le Programme d'Appui au Développement du Secteur Rural (PASDeR), dans sa troisième phase, financée par la Coopération Suisse et mis en œuvre par le consortium Swisscontact-LARES, vise à renforcer les techniques de conservation des récoltes. Ce programme repose sur une recherche-action en collaboration avec les acteurs locaux et a pour objectif de tester des solutions adaptées aux réalités locales, s’appuyant sur des expériences accumulées depuis les années 1990.
Sous la direction du laboratoire d'hydraulique et de modélisation environnementale de l’Université de Parakou, une équipe de chercheurs s’est engagée à trouver des solutions efficaces et accessibles pour prolonger la durée de conservation de l'oignon et de la pomme de terre. « Notre première mission était d’évaluer les conditions de stockage et de conservation de ces deux cultures », explique Ouorou Barre Fousseni Imorou, l’enseignant chercheur qui dirige cette étude.
Pour mener cette recherche, des échantillons ont été prélevés dans diverses communes du nord du Bénin, dont Malanville, Karimama, et Ouassa-Péhunco, où la production d’oignon et de pomme de terre est dominante. « Nous avons analysé les systèmes de stockage locaux et proposé des innovations, en nous concentrant sur des variables essentielles telles que la température et l'humidité », ajoute Ouorou Barre Fousseni Imorou. Des producteurs pilotes ont activement participé à ces expériences, permettant de tester concrètement les techniques proposées.
L’une des découvertes les plus marquantes a été l'efficacité des claies en tiges de sorgho qui permettent de prolonger la durée de conservation jusqu'à 4 à 5 mois, pour un coût minimal. Cette méthode, qui recourt aux matériaux locaux, s'est avérée à la fois pratique et économique pour les producteurs. En revanche, des techniques plus coûteuses comme les systèmes de stockage en terre cuite, bien que prometteuses, restent moins accessibles pour les petits producteurs.
Un atelier de dissémination des résultats s’est tenu à Parakou les 13 et 14 août 2024. Servais Afouda, représentant le consortium Swisscontact-LARES a souligné l'importance de la collaboration entre les différents acteurs « Le succès de ce projet dépendra de votre soutien, expertise et engagement. Vos contributions seront déterminantes pour garantir la réussite de cette initiative », a-t-il déclaré.
Cet atelier avait pour but non seulement de partager les résultats obtenus, mais aussi de planifier la mise à l’échelle de ces techniques au sein des communautés agricoles. Les discussions ouvertes ont permis aux participants d'apporter leurs retours d’expérience, leurs idées et suggestions, enrichissant ainsi la stratégie de diffusion des résultats.
Les résultats de cette recherche ont mis en lumière la viabilité des pratiques de conservation durable, mais également des avantages inattendus. « Beaucoup de producteurs ont été surpris par l'efficacité des claies en tiges de sorgho pour maintenir des niveaux optimaux d'aération et d'humidité », commente l’enseignant chercheur Fousseni Imorou. Cette nouvelle connaissance a conduit à une adoption généralisée de la technique parmi les producteurs pilotes, ouvrant ainsi la voie à une productivité accrue et à une meilleure stabilité économique.
L’enseignant-chercheur Fousseni Imorou a insisté sur la nécessité de poursuivre l’innovation dans les pratiques agricoles. « Nous envisageons des recherches supplémentaires pour affiner les techniques existantes et faciliter la transition vers des systèmes de stockage modernes », a-t-il expliqué. La collaboration avec d'autres institutions locales et régionales sera essentielle pour assurer la diffusion de ces avancées à travers les communautés agricoles du Bénin.
En conclusion, cette recherche-action, bien que centrée sur une phase pilote, ouvre la voie à une meilleure gestion des cultures maraîchères au Bénin, en réduisant les pertes post-récolte et en améliorant les revenus des producteurs. Des acteurs clés comme l’ATDA pôle 1 et la Fédération Nationale des Organisations des Maraîchers du Bénin (FéNOMA Bénin) se sont engagés à poursuivre et à étendre ces initiatives afin que ces innovations soient largement adoptées et pérennisées.
Le Programme d'Appui au Secteur du Développement Rural (PASDeR) est financé par la Direction du Développement et de la Coopération (DDC) et mis en œuvre par le consortium Swisscontact-LARES.