L’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture des Nations Unies (FAO) a initié et mis en oeuvre le concept des FFS en Asie du Sud-Est afin d’intégrer la lutte antiparasitaire et ainsi réduire la quantité de pesticides utilisée par les agriculteurs pour une productivité plus durable (notamment dans les pratiques). La Révolution verte avait certes accru la productivité, mais elle avait également soulevé la problématique de la résistance accrue des cultures aux pesticides utilisés. Les nouvelles approches, trop complexes, étaient difficilement compréhensibles pour les petits agriculteurs. C’est ainsi qu’est née l’idée des FFS qui consiste à éduquer les agriculteurs sur de nouveaux sujets dans leur environnement quotidien, c’est-à-dire dans leur exploitation.
Le programme FFS a introduit l’idée d’apprentissage basé sur la découverte. Les sessions sont animées par au moins un facilitateur qui engage les participants dans un échange plutôt que de leur donner des directives à suivre.
Les facilitateurs suivent une formation spécifique afin d’animer et de donner des instructions adéquates aux participants du cours. Ce type de formation est centré sur l’apprenant et dépend donc fortement des contributions, de la collaboration et de la participation des éleveurs.
La formation est généralement prévue sur une saison agricole pour donner à l’éleveur la chance d’observer toutes les étapes de la production. Cela permet aux animateurs de guider les agriculteurs à travers chaque étape du processus, en leur indiquant comment améliorer leurs techniques. Les réunions se tiennent généralement toutes les semaines et rassemblent entre 15 et 20 agriculteurs.
Le principe fondamental de l’approche FFS consiste à utiliser le terrain comme principal espace d’apprentissage et à faciliter plutôt que d’enseigner de manière traditionnelle, car les adultes en particulier ont du mal avec l’apprentissage livresque et passif et absorbent davantage de connaissances en tirant des leçons de leurs propres expériences.
Swisscontact a adopté l’approche FFS pour impliquer davantage de participants en veillant à ce que même les éleveurs avec un faible niveau d’instruction soient en mesure de participer et de suivre les sessions. L’enseignement standardisé en classe n’était pas une option appropriée pour le secteur de l’élevage et les éleveurs n’en auraient tiré aucun bénéfice.
Dans le cadre de la préparation des FFS, Swisscontact, collaboration avec Nestlé Maroc a organisé des rencontres avec les éleveurs pour s’enquérir de leurs intérêts et de leurs besoins et, de manière participative, a établi un programme pour les différentes sessions des FFS. La nutrition s’est imposée comme le principal thème pour les agriculteurs. Pour cette raison, environ 70% des leçons sont consacrées à l’alimentation du bétail et aux techniques d’alimentation utilisées. En outre, la santé générale et les aspects économiques liés à l’élevage ont été discutés. Il est apparu que de nouvelles techniques d’ajustements simples sur l’aménagement des étables sont très bénéfiques pour l’élevage. Par exemple, un bon agencement de l’étable pour ne pas exposer le bétail au froid a pour conséquence une diminution de la quantité d’énergie utilisée, et, in fine, une économie d’argent sur le fourrage pour les éleveurs.
L’accent mis sur le fourrage, la nutrition et la santé animale tient au fait que ces deux volets représentent 70% du coût de production laitière
Il faut réfléchir comment initier les éleveurs à certains sujets et à de nouvelles façons de penser. Par conséquent, lorsqu’on parle de l’alimentation du bétail, il ne s’agit pas seulement de leur dire « c’est important », mais bien de leur faire comprendre pourquoi c’est important. Il faut insister sur la valeur nutritionnelle des différents types de fourrage en mettant l’accent sur leur apport énergétique, en protéines ou dans le retour sur l’investissement. Expliquer comment tout cela fonctionne et influe sur le résultat final (et le profit) est essentiel pour la compréhension des agriculteurs.
Ce n’est que si l’éleveur comprend pleinement ces concepts qu’il décidera de changer ses vielles pratiques.
Une leçon classique s’articule comme suit:
A fin de déterminer ce qui doit être amélioré pour la session suivante et quels aspects devraient faire l’objet d’une plus grande attention lors de la préparation.
Parmi les principales forces du programme FFS figurent :
Ces changements se sont produits au cours des sessions FFS à mesure que les compétences en matière d’écoute et de communication des agriculteurs se sont améliorées, ce qui se reflète maintenant même dans les interactions quotidiennes entre agriculteurs. Les conversations en dehors des sessions, par exemple dans les cafés, tournent souvent autour de conseils visant à améliorer les techniques d’élevage laitier. En conséquence, non seulement le mode de communication avec les autres a radicalement changé depuis le début du programme FFS, mais également le contenu des conversations.
En général, le format des FFS incite les agriculteurs à penser clairement et à analyser de manière critique avant de proposer une solution. Parce qu’ils ne reçoivent pas de réponse à l’avance, les agriculteurs sont obligés d’«inventer» leurs propres modes de pensée, ce qui est important car la solution devient alors quelque chose qu’ils ont eux mêmes conçus. Ce processus donne un certain niveau de crédibilité à la solution trouvée car celle-ci ne leur a pas été imposée par un enseignant ou un expert externe. En outre, le format des FFS met au défi les agriculteurs, individuellement et en groupe, de repousser leurs limites.
Naturellement, cela crée des liens entre les agriculteurs et des synergies au sein du groupe, toutes choses qui ont un impact positif sur l’avenir, à mesure que les solutions deviennent plus durables.
L’introduction des FFS a également eu un impact immédiat sur la santé du cheptel. De simples astuces introduites lors des premières séances des FFS ont permis de constater une amélioration rapide des conditions sanitaires avec un impact positif subséquent sur la santé générale du cheptel. Considérant que la santé du bétail et donc la qualité du lait ont été une préoccupation constante (non seulement pour le projet mais également pour l’état marocain), cette tendance représente déjà un immense progrès global pour le secteur.
Aussi étant à mi-chemin, deux décisions ont été prises par les coopératives nouvellement créée à savoir MILKY et Hlib Ouled Mansour. Il s’agit de la décision de rajeunir l’effectif de vaches laitière existantes par l’importation des vaches de haute valeur productives ainsi que l’engagement pour établir collectivement une action de réhabilitation de leurs étables considérée comme action primordiale pour ancrer des résultats positifs et durables.