Youssouf Sacko est un jeune homme âgé de 35 ans, marié et père de deux enfants. Il vit à Foni dans la commune rurale de Tamani dans la région de Ségou. Une région dont la grande majorité des jeunes prend le chemin de l’exode vers la ville de Bamako ou vers les sites miniers.
La famille de Youssouf vit de la pratique de l’agriculture et de l’élevage des ovins et caprins. Comme beaucoup de jeunes de sa génération, Youssouf n’a pas eu la chance d’aller à l’école. Seul son frère aîné a été scolarisé et est depuis parti s’installer au Congo Brazzaville. Son frère absent, Youssouf a été dès son plus jeune âge très impliqué auprès de son père dans les travaux agricoles.
En 2009, en quête de nouvelles opportunités, Youssouf demande la permission de son père pour aller séjourner quelques mois à Bamako. Arrivé dans la capitale, Youssouf trouve du travail auprès d’un maçon sur un chantier et gagne 2500 Fcfa par jour (4 CHF). Il réussit à épargner suffisamment pour couvrir les frais de voyage pour Brazzaville et rejoindre ainsi son frère. Il retourne au village en 2015 et se marie. En 2016, grâce au soutien de son grand frère, Youssouf achète une parcelle maraîchère avec un puit. Dû en partie à un manque de formation, il exploite sa parcelle seulement en période d’hivernage, ce qui ne lui permet pas de subvenir à ses besoins et ceux de sa famille. De plus, suite au Covid-19 et à la dégradation de la situation financière de son grand frère à Brazzaville, il se retrouve seul avec le poids des charges familiales : alimentation, santé, logement, habillement etc.
C’est en 2022, à la suite d’une assemblée générale au village que Youssouf entend parler de la création d’un centre de formation pour les jeunes sur toutes les activités agricoles : le Site Intégré de Formation Agricole (SIFA).
Il décide de se rendre à la mairie de Tamani pour obtenir des informations et informer ensuite les autres jeunes du village.
Lors de son échange avec le responsable du projet, Youssouf récolte toutes les informations concernant le projet : les principes, les conditions de participation et le déroulement des formations au niveau du SIFA. Aujourd’hui, Youssouf a compris l’importance de la méthode de formation et des pratiques utilisées dans le cadre du SIFA. Celles-ci lui permettent non seulement d’assurer la valorisation de ses activités agricoles et d’élevage mais aussi de mettre en œuvre des activités lui procurant des revenus tout au long de l’année.
Prudence Bambara est une jeune dame âgée de 41 ans, mariée et mère de six enfants. Elle vit dans la commune de Bidiga, située dans le département de Tenkodogo de la province de Boulgou dans la région du Centre-Est du Burkina Faso.
Prudence s’est mariée à l’âge de 22 ans et a arrêté l’école en classe de CM2 à l’âge de 11 ans. Pour subvenir à ses besoins, Prudence cultivait pendant la saison pluvieuse et vendait ensuite ses récoltes. Cependant, les revenus obtenus de ses récoltes ne lui permettaient pas de vivre au-delà d’une période de 06 mois. Depuis son mariage, elle aide son mari dans ses activités maraîchères, qui lui verse un peu d’argent, approximativement 20 000 Fcfa (30 CHF) à la fin des récoltes pour faire face aux besoins de la famille.
En 2018, Prudence intègre le groupe de Mara Panga et réalise rapidement les bénéfices tirés de l’appartenance au groupe. En effet, si au début Prudence arrivait à épargner 800 Fcfa par mois (1 CHF, elle est parvenue ensuite en moins d’un an à doubler son épargne jusqu’à 1600 Fcfa par mois (2,5 CHF) grâce aux formations suivies avec l’agent de terrain. Prudence a également participé à une formation en agriculture et en élevage, ce qui lui a permis d’acquérir un petit champ et d’appuyer son mari dans les diverses techniques agricoles. Aujourd’hui son AGR continue d’évoluer avec notamment la diversification de sa production, lui permettant ainsi d’épargner jusqu’à 4 000 Fcfa par mois (6 CHF).
En 2019, suite à son excellent travail, Prudence devient Agent Villageois et est responsable pour la prospection, les sensibilisations et la création des groupes dans les villages environnants. Prudence est très fière d’avoir été sélectionnée en tant qu’Agent Villageois et de pouvoir aider d’autres femmes en situation vulnérable.
Elle supervise aujourd’hui 30 groupes et souhaite pouvoir continuer à les aider à évoluer et à créer leurs propres activités génératrices de revenus (AGR). Elle apprécie particulièrement de participer à la formation des groupes dans les villages. Elle aide ainsi les autres jeunes femmes et partage les problèmes qu’elle a elle-même rencontrés. Pour ce travail, Prudence obtient un revenu moyen mensuel supplémentaire qui varie entre 3 000 Fcfa et 6 000 Fcfa (entre 4,5 CHF et 9 CHF).
Rokhya Ba est une jeune femme âgée de 35 ans en situation de handicap, résidant à Bambilor à quelques kilomètres de Dakar avec ses parents. Elle a fréquenté l’école jusqu’au primaire et à l’âge de 15 ans se lance dans le domaine de la coiffure. Afin de développer ses compétences techniques, Rokhya décide de s’inscrire dans un centre de formation dans la ville de Rufisque, à une quinzaine de kilomètres de chez elle.
Elle entend parler du projet Sahel Opportunités, lors de la visite de Swisscontact chez Madame Arame Ndoye, directrice de la structure « Reine de Beauté », là où Rokhya venait se former. Après avoir compris les modalités de participation, Rokhya n’hésite pas, et demande à Madame Ndoye de la laisser participer. Pour Rokhya cette opportunité lui permettra de découvrir de nouvelles techniques de tressage. Elle participe également à des cours d’alphabétisation le soir afin de faciliter et perfectionner son apprentissage. Malgré son handicap et la distance, Rokhya rêve d’ouvrir son propre salon.
Bien qu’elle se formait déjà depuis trois ans, Rokhya explique que le dispositif de formation apporté par le projet lui a permis de développer plus rapidement ses connaissances et compétences en coiffure. Son accompagnement continu dans la structure de Madame Ndoye, lui a permis en revanche de mettre en pratique ses connaissances, développer ses compétences en communication et savoir être. Pour elle, toutes ces compétences à la fois théoriques et techniques sont indispensables si elle veut un jour ouvrir son propre salon de coiffure.
Par ailleurs, elle explique que pour payer ses frais de transport pour suivre ses cours dans son atelier et son centre de formation, environ 25 000 Fcfa par mois (38 CHF), elle réalise les tresses de plusieurs clientes pendant ses weekends. Cela lui permet de non seulement mettre en pratique ce qu’elle apprend, mais aussi développer sa clientèle grâce à de nouvelles techniques et modèles de tressage
Le conseil que Rokhaya souhaite donner aux autres jeunes femmes est qu’ « une femme doit avoir un métier pour subvenir à ses propres besoins et ne pas dépendre d’autres personnes. »