JoNaPEB – Journées Nationales du Poisson d’Elevage au Bénin

Agriculture durable
12.12.2023
Le développement de la filière aquaculture, en particulier la pisciculture, constitue actuellement une priorité pour le gouvernement béninois. Cette initiative est perçue comme une opportunité concrète de création d'emplois pour la jeunesse du Bénin et d'augmentation des revenus pour les promoteurs. Les principaux défis à relever dans la filière incluent la garantie de la disponibilité d'aliments de qualité, l'amélioration des infrastructures aquacoles, la diversification et l'accessibilité des semences de qualité. Avec l’appui de l'État et de partenaires tels que le projet Béninclusif de Swisscontact, l'Interprofession du Poisson d'Élevage du Bénin (IPEB) a organisé la 2ème édition des JoNaPEB du 30 novembre au 2 décembre à Ouidah et du 7 au 9 décembre à Dassa (centre-sud Bénin).

Cet événement s'inscrit dans le cadre du soutien aux clusters économiques, l'un des quatre domaines d'intervention du projet Béninclusif. L'objectif visé est d’analyser l'impact de la territorialisation de l'agriculture sur la pisciculture au Bénin et de rechercher des solutions innovantes pour améliorer les résultats actuels. Ces journées ont également permis de sensibiliser le public, de promouvoir les bonnes pratiques aquacoles et de mettre en avant les efforts déployés par le Bénin pour assurer une production de poisson d'élevage durable.

Elles offrent aussi au grand public l'opportunité de découvrir un large éventail d’acteurs de la pisciculture, notamment des producteurs et des distributeurs de poissons, des fournisseurs d'intrants, de matériel et d'équipement piscicole, des transformateurs de la production aquacole, le Fonds National de Développement Agricole, des banques et services financiers décentralisés, ainsi que des partenaires techniques et financiers. C’était aussi l'occasion de reconnaître et de célébrer le travail acharné des pisciculteurs, des entreprises et des organisations qui contribuent au développement de la pisciculture. 

Christian Guidibi, président de l’Interprofession du poisson d’élevage du Bénin lors de son allocution 
Remise de filet de protection aux acteurs exemplaires par le ministre encourageant ainsi l’innovation dans le secteur

La journée a débuté par une conférence au cours de laquelle une présentation globale sur la politique et le programme de l’aquaculture est faite. Trois panels de discussion sur des thèmes liés à l’aquaculture ont animé l’évènement grâce à l’intervention de multiples panelistes notamment l’Institut National des Recherches Agronomiques du Bénin, la Chambre Nationale d’Agriculture du Bénin, l’Agence Territoriale de Développement Agricole pôle 7, Swisscontact, Raanan et autres. 

Conférence inaugurale : ‘’Territorialisation des filières agricoles au Bénin : quel bilan pour l’aquaculture ?’’
Panel 1 : "L'Agroécologie pour relever le défi d’une pisciculture durable"
Le ministre et la vice-présidente de l’IPEB très intéressés par le thème du Panel 2 : "Exploitation du potentiel aquacole de la commune de Ouidah et du PDA 7 : Défis, enjeux et perspectives" 
Panel 3 : "Diversification des espèces aquacoles au Bénin : quelques pistes plausibles ?"

Par ailleurs, une table ronde a examiné le mécanisme de financement inclusif et solidaire de l'Interprofession du Poisson d'Élevage du Bénin (IPEB). Les deux principaux obstacles au financement des acteurs de la filière sont le manque de garanties adéquates et la méconnaissance de l'activité piscicole par les services financiers. Selon le Président de l’IPEB, Monsieur Christian Guidibi, ce mécanisme permet de partager le risque de crédit entre tous les maillons de la chaîne de valeur.

Pour couvrir les 100% des fonds de roulement nécessaires au pisciculteur, 20% doivent être disponibles en espèces au niveau du producteur. Les 80% restants seront répartis entre le SFD (50%), le distributeur de provende (20%) et le producteur d’alevins (10%). Avec ce mécanisme, seuls les pisciculteurs dignes de confiance pourront bénéficier d’un suivi par l’Interprofession. Une réunion ultérieure décidera de l'adoption ou non de ce mécanisme pour le financement des acteurs de la filière.

Ce fut également l’occasion pour les pisciculteurs présents de poser des questions, d’en apprendre davantage sur le nouveau projet du gouvernement intitulé « Projet de Promotion de l’Aquaculture Durable et de Compétitivité des Chaines de Valeur de la Pêche (PROMAC) » et les opportunités qui existent. Des activités de dégustation sont aussi organisées pour encourager la consommation de produits issus de l'aquaculture nationale.

Gaston Dossouhoui, ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, a annoncé que des projets suffisamment intelligents et bancables sont mis en place pour accompagner les aquaculteurs 

« Il est crucial de favoriser la consommation du poisson d’élevage local. Nous devons cultiver un amour pour nos propres produits et produire ce que nous aimons. Le gouvernement est prêt à allouer les ressources pour développer l’aquaculture, soutenir les promoteurs et générer des opportunités d’emploi pour les jeunes et les femmes. Chers pisciculteurs, nous comptons sur votre engagement à consommer ces ressources.»

Emmanuel Bossennec, Directeur Pays Swisscontact : Notre rôle est d'accompagner les acteurs dans leurs efforts car ils sont familiarisés avec les défis auxquels ils sont confrontés 

«Il est essentiel de changer de paradigme lorsqu'il s'agit de structurer le secteur économique. Nous devrions abandonner le terme "bénéficiaires"et évoluer au sein d'un système économique où ce ne sont pas les ONG qui mettent en œuvre des activités, mais des acteurs qui, avec le soutien de l'État, fournissent des services sur le marché. Notre schéma d'intervention les recentre au cœur du processus.»

En conclusion, cet événement a offert une plateforme idéale pour célébrer les avancées de l'aquaculture au Bénin. De nombreux partenariats se sont créés avec les entreprises aquacoles qui sont sensibilisées sur l’importance de l’adoption des pratiques aquacoles respectueuses de l'environnement. Les banques et les services financiers décentralisés ont reconnu que la rentabilité de la pisciculture nécessite des investissements substantiels et ont compris le mécanisme de financement mis en place par l'Interprofession du Poisson d'Élevage du Bénin (IPEB) pour faciliter le financement des aquaculteurs.

Le projet Béninclusif espère que cette initiative contribuera à renforcer l'industrie aquacole béninoise, favorisant la sécurité alimentaire, la création d'emplois et la préservation de l'environnement.

Quelques témoignages :

Issifou Dado Doko, ingénieur agricole

« Nous dépendons fortement des importations de poissons, ce qui entraîne une perte de devises. En favorisant la production locale, nous pouvons conserver ces devises, répondre à la demande nationale, et même explorer de nouveaux marchés comme celui du Nigeria. J'encourage tous les producteurs de poissons à s'investir davantage et à plaider en faveur d'un soutien accru du pouvoir public pour le développement de la pisciculture qui a le potentiel d'être une source de revenus et de création d'emplois précieuse pour la jeunesse béninoise. »

Eugène Dessouassi : Chef Programme Aquaculture ATDA 7

« Au cours de ces journées, un bilan approfondi de l'évolution de la filière au Bénin a été dressé, et des perspectives prometteuses ont été lancées. Nous sommes tous conscients de l'importance de ces journées et de la nécessité de les organiser régulièrement pour maintenir notre mobilisation en vue d'objectifs atteignables d'ici 5 à 10 ans. Il est temps de professionnaliser notre secteur ».

Laura Flamar, visiteur, porteur de projet dans le domaine de la pisciculture 

« Globalement mes impressions sont positives. Je considère que cet événement est riche en idées et sera une source d'inspiration pour ceux qui envisagent de se lancer dans la pisciculture. Le secret de la réussite réside dans l'organisation. Il est crucial de renforcer et de structurer la filière afin de devenir un interlocuteur influent aux yeux des bailleurs de fonds et des institutions. »

Cyrille Aholoukpè, Coordonnateur de Projet de Promotion de l’Aquaculture Durable et de Compétitivité des Chaines de Valeur de la Pêche (ProMAC)  

« Le PROMAC intervient au moment opportun, reconnaissant le potentiel rentable de la pisciculture et ceci, grâce aux efforts de l’IPEB. La Banque Africaine de Développement, par le biais du ProMAC, apporte un financement crucial au secteur. Nous travaillons à résoudre les problèmes d'accessibilité aux semences et aux aliments, et nous sommes déterminés à renforcer les chaînes de valeur du poisson ».

Arsène d’Almeida, Coordonnateur du Projet de Vulgarisation de l’Aquaculture Continentale (ProVAC) financé par la JICA

«Atteindre nos objectifs prendra du temps, mais ces occasions nous permettront de progresser. Des défis existent, et nous devons les surmonter ensemble avec l’appui des partenaires techniques et financiers. Les producteurs n'ont pas toujours les moyens suffisants pour ces investissements conséquents, c'est pourquoi un accompagnement est nécessaire. »

Denis Agandan, Coordonnateur du Projet d’Appui au Développement des Filières Protéiniques (PADéFiP) financé par AFD

En matière de financement, PADéFiP a renforcé les compétences des techniciens chargés d'examiner les demandes de financement soumises par les pisciculteurs, en leur fournissant les outils appropriés pour faciliter l'analyse de ces dossiers."

Tadagbé Eder Hounsou, spécialiste en aquaculture, expert halieutique. Responsable technique du groupe Gold Farmer, commune d’Akpro Missérété

« Nous sommes un centre de recherche, développement, et innovation appliquée spécialisé dans le domaine de l'aquaculture, plus précisément dans la pisciculture. Deux de nos innovations présentées sont le 'mahou wévi', un dispositif d'oxygénation permettant une production intensive rentable de tilapia dans des systèmes hors sol, et un incubateur professionnel conçu avec des matériaux locaux, offrant des résultats de qualité. Cet incubateur a la capacité d'incuber jusqu'à 500 000 œufs avec une consommation électrique de 400 F CFA. »

Sigis Soukpo, Promoteur de l’entreprise Mont Noé, producteur de provende et de larves de mouches soldat noires

« La principale barrière à la production de poissons en quantité suffisante est liée à l'alimentation. En utilisant des ressources locales telles que les asticots, issus de déchets organiques comme les déchets post-culture, les fientes et les bouses de vache, nous pouvons fournir une alimentation économique aux poissons et aux volailles. Il devient essentiel de produire nos propres provendes et granulés avec cette protéine locale. La farine d'asticot, produite à faible coût, pourrait éventuellement remplacer la farine de poisson, compte tenu du manque de disponibilité de celle-ci au Bénin ».

Le Pangasius : une nouvelle espèce de poissons qui a suscité l'enthousiasme unanime des parties prenantes
Le Directeur de Swisscontact échangeant avec le représentant de Raanan (fournisseur d’aliment pour poisson)
Le Directeur de Swisscontact lors de la visite du stand des transformatrices de poissons appuyées par le projet Béninclusif
Sigis Soukpo, producteur de provende à base de mouches soldat noires, a exposé les différents types de larves (fraiches, séchées, sous forme de farine)
Bénin
Agriculture durable
Béninclusif - Marchés dynamiques des produits agricoles durables
Le projet a pour objectif principal d’améliorer les conditions de vie des familles des exploitants en favorisant la dynamique du marché. Par une approche de systèmes inclusifs, il se concentre sur les marchés et les écosystèmes agricoles qui sont peu développés au Bénin. Dans sa première phase (2021-2024), un accent particulier sera mis sur la pisciculture et l’agrumiculture, deux secteurs à fort potentiel promus par le gouvernement béninois.