En effet, le jus d’orange, pourtant symbole de vitalité, est fréquemment gâché par l’amertume, conséquence d’une mauvaise maîtrise des procédés de transformation. Faute d’équipements adéquats et de connaissance des normes de qualité, les petites unités de fabrication de jus peinent à se faire une place sur le marché local, et encore plus à l’international. Cependant l’espoir n’est pas perdu. Le projet Béninclusif, piloté par Swisscontact, a décidé de redéfinir les enjeux en proposant une formation innovante dédiée à la transformation de l'orange.
Sous la direction de l’ingénieur Makosso Allavo, expert en Sciences et Technologie alimentaire et nutritionnelle, des dizaines de transformatrices du centre du Bénin ont pu acquérir de nouvelles compétences. Cette formation n’était pas qu’un simple apprentissage, mais une véritable révolution dans leurs pratiques. Elles ont appris des concepts clés tels que la normalisation, la gestion de la qualité, les 5 M (Main-d'œuvre, Matériel, Méthode, Milieu, Matière), et la prévention des contaminations croisées. Ces éléments sont essentiels afin d’assurer que le jus d’orange béninois soit de haute qualité et conforme aux normes.
Au-delà de l’aspect technique, la formation a aussi levé des barrières psychologiques et matérielles, permettant aux productrices locales de se projeter vers l’avenir.
Carole Midahuen, de l’Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne (AMAP) Bénin, met en avant l'importance de la pasteurisation pour préserver les qualités nutritionnelles du produit, tout en insistant sur le choix de la bonne variété, telle que la "Pineapple", pour obtenir un jus naturellement doux.
Des témoignages comme celui d’Émilienne Lassou, Directrice de l’établissement PIVENA spécialisée dans la transformation agroalimentaire, montrent que cette formation a changé la donne. « Avant, notre jus d’orange était souvent amer, ce qui déplaisait à nos clients. Grâce à la formation, nous avons appris à produire un jus sucré et naturel en éliminant le flavedo, principal responsable de l'amertume des agrumes. Nos ventes ont nettement augmenté. »
Armées de nouvelles compétences, ces femmes ne se contentent plus de subir les aléas de la transformation artisanale, elles en sont désormais les actrices principales. Émilienne, comme bien d’autres, rêve de nouveaux horizons :
La diversification des produits à base d’orange est un élément clé pour ces transformatrices et la formation les a guidées dans cette voie. Les idées fusent : orange séchée, confitures, sirops, liqueur… Le Bénin pourrait bientôt voir naître une véritable industrie des dérivés de l’orange. « La diversification est essentielle pour la croissance de l'industrie agroalimentaire. En se concentrant sur l’orange, les transformatrices peuvent pénétrer un marché encore peu exploité, tant au niveau local qu’international » affirme le formateur Makosso.
Cette transformation du secteur agroalimentaire béninois pourrait bien amorcer une dynamique de croissance inédite, ancrée dans l’innovation et la maîtrise des procédés. Avec l’appui des partenaires et l’accès à des équipements modernes, l’orange pourrait rapidement devenir l’emblème d’une révolution économique locale.
Cependant, les défis restent importants. L’accès aux équipements adaptés et au financement demeure un frein majeur pour de nombreux producteurs. Pour Emilienne et ses consœurs, les perspectives sont claires :
La transformation de l’orange au Bénin, à travers cette formation, dépasse la simple amélioration des pratiques agricoles. Elle est le symbole d’un renouveau économique, d’une émancipation des acteurs locaux et d’un avenir où le Bénin pourra faire rayonner son savoir-faire au-delà de ses frontières. Il suffit désormais de donner à ces entrepreneurs les moyens d’y parvenir.
Ce projet fait partie du programme de développement de Swisscontact, cofinancé par la Direction du Développement et de la Coopération Suisse (DDC), Département Fédéral des Affaires Etrangères (DFAE).